Quand je me suis lancée dans la voie du yoga, en tant que professeure, l’idée était de proposer des cours adaptés aux personnes pratiquant, comme moi, l’escalade. Les points communs entre les deux disciplines sont très nombreux mais, ici, je vais en développer deux : drishti दृष्टि et prâna प्राण. Ces deux mots sanskrits sont essentiels en yoga et peuvent s’avérer utiles à la pratique de l’escalade.
Drishti : le regard, l’intention
Un des nombreux points communs que j’ai pu constater entre escalade et yoga est la force de l’intention qui, guidée par le regard, aide à l’accomplissement des postures en yoga ou à la progression du grimpeur.
Combien de fois j’ai entendu dire à un grimpeur qui venait de rater une prise : « Tu n’y as pas cru » ? Si l’intention et la confiance n’anticipent pas le geste, l’échec est souvent au rendez-vous. La conscience du geste à effectuer élève et la peur cloue au sol. Il faut trouver le juste équilibre. C’est la même chose au yoga. La confiance et la conscience sont essentielles pour réussir les postures. Le regard, le drishti, dirige l’intention dans le geste. On retrouve cela aussi en golf, dans les lancers en athlétisme, etc.
Souvent en yoga, en début et en fin de pratique, on ferme les yeux. Le drishti ne disparaît pas pour autant, il est seulement tourné vers l’intérieur. L’intention se tourne vers soi. Le drishti sert à poser une intention en début de pratique et à se remercier en fin. Pourquoi ne pas faire de même lors d’une séance d’escalade ?
Prana : le souffle, l’énergie vitale
En yoga, la respiration accompagne chaque mouvement, jusqu’à devenir automatique. C’est un élément essentiel de la pratique. En revanche, en escalade, un des travers est d’oublier de respirer, de grimper en apnée. Le yoga peut donc aider à définir des exercices de respiration adaptés à l’escalade.
Comment faire pour que les grimpeurs prennent l’habitude de respirer ? Cela passe forcément par une pratique du yoga, une habitude à accompagner les gestes par la respiration. Cela semble tout aussi naturel de respirer en courant, alors pourquoi les grimpeurs, surtout débutants, sont si souvent en apnée. Le souffle c’est la vie, c’est l’énergie vitale.
Les exercices de pranayama sont nombreux et les adapter pour qu’ils accompagnent durablement les gestes de l’escalade est un défi intéressant.